Voyage en solitaire #1 : Venise
Arrivée au centre de la ville je longe
les rues typiques de la plus jolie ville qu’il m’a été donné
de voir jusqu’à présent. Les petites échoppes traditionnelles
aux effluves de café, les épiceries italiennes débordant de pâtes
colorées et d’huile d’olive artisanales et bien sûr les
marchands ambulants portés par leurs stands de masques vénitiens
roulettes (dont figure le célèbre masque V , porté fièrement par
les Anonymous) .
Profitant de la ville dont je découvre
à peine le charme, je suis vaguement les conseils du GPS de mon
téléphone pour me rendre à l’auberge de jeunesse. Je suis happée
par les murs de briques aux tons chauds, les petites rues étroites
menant inévitablement sur un pont et les cordes à linge sur les
balcons me ramènent dans un autre siècle rempli de courses
poursuite et de complots de Médicis.
La chaleur me ramène à la réalité,
les rues de cette fin d’après-midi d’été sont bondées de
monde, mon pauvre sac dans lequel j’ai fourré le plus d’affaires
possible commence à me peser et on ne peut trouver que répit et
fraîcheur dans les ruelles ombragées. J’achète une coupelle de
fruits frais dans la rue et décide de me reposer quelque peu. Après
cette balade, première découverte de cette ville, qui m’apparaît
tel un labyrinthe sans fin, je décide de me concentrer sur l’auberge
de jeunesse. C’est la première fois que je me rends dans une
auberge et l’envie d’y séjourner m’habitait depuis longtemps.
J’ai commandé une chambre mixte la moins chère par souci
d’économiser et je ne sais pas à quoi m’attendre. Heureusement
une fois sur place je me rends compte que l’auberge est au ton de
la ville : orangée et charmante.
Après avoir pris les clés de la
chambre et déposé mes affaires je me demande ce que je vais faire
maintenant. Il fait beaucoup trop chaud pour m’aventurer dehors à
nouveau…tout en réfléchissant je m’aperçois que je ne suis pas
seule dans la chambre et que quelqu’un se trouve dans la salle de
bain. C’est là que je rencontre Walled, un pakistanais d’une
vingtaine d’années vivant à Berlin et mordu de voyage tout comme
je le suis. Il vient d’arriver et compte repartir vite pour
d’autres voyages.
Nous parlons anglais tous les deux et
après un sourire chaleureux et quelques questions curieuses sur qui
nous sommes, la conversation ne s’arrête plus, une heure passe et
nous discutons comme si nous étions amis de longue date.
Il me raconte sa philosophie de vie, me
parle de Berlin , de sa passion pour les voyages et les pays qu’il
a visité…je suis impressionnée. Il a plus voyagé dans sa vie que
mes deux parents réunis dans la leur. Cette conversation nous
ravissait l’un comme l’autre. On en vint à parler de mariage et
de comment on envisageait la vie. Je me souviens qu’il me dit
vouloir accorder une grande confiance à la personne qu’il
épousera, qu’elle sorte dans la nuit ou parte dans d’autres
endroits, que les bases d’une relation d’avenir se fondent sur la
confiance et la communication, je ne m’arrêtais pas d’acquiescer.
Le soir pointe déjà le bout de son
nez et je lui propose donc de venir manger dehors avec moi histoire
d’explorer la ville au crépuscule et de nous repaître de plats
italiens. Nous sortons donc dans la fraîcheur et le calme étonnant
(les rues s’étant drastiquement vidées du monde de la journée)
et décidons de nous perdre et de se fier à notre instinct. La bonne
idée ! Nous nous attablons dans une pizzeria traditionnelle et
commandons tous les deux la fameuse Margarita. Je passe notre
commande en italien, bien décidée d’utiliser les mots et phrases
que mes amis m’ont appris ( notamment la prononciation de pizza qui
se dit « pitsa » )
Mon égo à bloc après un « Whaaa
comment tu parles trop bien italien ! » de la part de mon
compagnon du jour, on décide de se balader dans les rues pour
profiter de la fraîcheur de la nuit encore jeune.
Les lumières reflètent sur l’eau
sont si rassurantes que j’ai l’impression d’être dans un
tableau à l’huile, les femmes sont belles , élancées avec des
grands chapeaux, les rues sont endormies… On décide d’enlever
nos chaussures et de continuer nu pieds sur les pavés doux. Alors
qu’on est arrêtés à une petite digue, Walled me regarde l’air
grave « Claire, il faut que je te dise quelque chose. »
« Voilà…n’ai pas peur mais…
je suis musulman. » Je le fixe, regard hagard tel un poisson.
C’est ça la chose si grave ? Je le rassure, amusée. Le
pauvre s’est fait du mauvais sang à cause des attaques de Paris
dans l’année, plus tout ce qu’il s’est passé il doit penser
que les français ont une sale opinion des musulmans.
On rentre dormir et le lendemain, son
amie arrivée en train dans la nuit squatte la chambre. Je décide de
ne pas les réveiller et je me fais une petite balade solo pour
profiter de l’air matinal de Venise.
Je suis émerveillée par chaque détail que je vois, plus encore que la veille. Ce n’est pas la réalité, si ? Les petits ponts de pierre menant sur des maisons aux vieilles portes de bois, les chapelles illuminati, les petites fontaines et les rues illuminées me nourrissent de superbes images.
Après un petit déjeuner (hummmm le
café mon dieu !) je rentre à l’auberge. Waleed et Alyssia me
demandent si je veux venir avec eux visiter les îles alentours en
bateau. Je n’ai rien d’autre à faire alors je décide de les
suivre à l’aventure !
Murano et Burano les deux îles dont je
n’avais jamais entendu parler sont splendides. Spécialisées dans
les objets en verre soufflé, les couleurs sont saisissantes et
l’atmosphère est reposante. On passe notre traversée en bateau à
se prendre en photo et à chanter des chansons dans notre langue
natale. J’ai cette impression que l’on a toujours été amis. On
s’installe à l’ombre d’un arbre après avoir chipé des
cerises et du straccino (un fromage que je me devais de tester) pour
se faire un pique nique à l’improviste.
Cerises en boucles d’oreilles, on se
dit au revoir à la fin de la journée devant la gare centrale. Je
pars pour le Nord de l’Italie alors qu’eux se rendent en Norvège.
En fixant le paysage dans le train en marche je souris.
Ce voyage en solo n’avait rien de ce
que je pouvais m’y attendre mais apparemment, c’est toujours
comme ça que ça se passe.
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