lundi 2 mai 2016

Roi de rien et Art contemporain : Le palais de Tokyo


Qu'est ce qu'on se sent riche et cultivé quand on se rend dans le 16ème arrondissement de Paris pour assister à une exposition d'Art contemporain. Alors cultivé peut-être, mais riche sûrement pas (précarité étudiaaante).
Et c'est donc pour enrichir (ahah) cette culture que je décide de me rendre au Palais de Tokyo dont les affiches de pub me narguent depuis quelque temps dans les couloirs du métro.
C'est vrai qu'à part la Maison des Artistes sur Rivoli, l'art d'aujourd'hui n'est pas vraiment représenté.
Probablement à cause de la difficulté de se faire un nom dans ce milieu ainsi que les différents sous genres existants...
Mais qu'est-ce encore que l'art contemporain me demandez-vous ? Et quelles sont les thématiques préférées des artistes encore vivants ?
Vous allez voir, c'est cool, ça parle de dro...gue.

Mais d'abord dès l'entrée dans le vestiaire du Musée, tu te demandes si tu n'es pas déjà dans l'expo tellement c'est joli : un enchevêtrement d'arbres partent du plafond jusqu'au sol : des branches couleur bois et blanches s’entremêlent et ça te donne l'eau à la bouche pour la suite !

Commençons par une exposition temporaire que personnellement j'ai trouvé géniale en mode « putainjevaisvivreicic'estmagnifiquec'estmavie»
L'expo s'appelle « Double  Je » et elle est basée sur une nouvelle du même nom écrite par Franck Thillier.
L'univers autour du livre est angoissant et mystérieux puisqu'il s'agit d'un thriller et par conséquent il y a du sang et des œufs d'autruche.

C'est logique vous allez voir. Sans aucunement vous spoiler, l'assassin qui se rend à la police, avouant qu'il a commis un crime, est un artisan d'art. Ce qui dès l'entrée de l'expo, nous plonge dans une sorte de hangar lugubre avec un bureau, du sang et des sculptures d’œufs d'autruche.

Et plus on avance dans les différentes pièces plus on découvre des univers singuliers.
Comme un squat de grapheur sous une tente, une moto recouverte de plumes d'oiseau noires (ainsi que la panoplie « gants/casque » assortis) ou encore une immense salle entourée par un tas d'objets d’artisans, des créations, une machine qui fabrique un vase à partir de ta voix...
On a l'impression d'être dans la planque d'un luthier fou. Une dame nous a même demandé si on ne s'était pas perdu dans l'atelier des artistes.
Malgré la diversité des pièces on retrouve des thèmes récurrents à l'exposition (comme les plumes, les matières métalliques et l'anatomie humaine).


Après avoir regardé une énième image de lignes neuronales qui font de la corde à sauter, on termine la visite par une pièce sombre agrémentée de têtes de mannequins sur un étendoir à linge.
Un petit film est diffusé. Il fait très court-métrage hipster de création et se termine sur cette phrase : « Alors, tu aimes l'art contemporain ? ».
Si après toutes ces déblatérations l'exposition « Double Je » vous tente , allez-y ! Elle dure jusqu'au 16 mai.


La partie inférieure du musée contient les expositions permanentes. On est accueilli par des patchwork géants contenants des mots, des affiches, des dessins. L'orthographe est utilisée et déclinée comme jeu et les thèmes tournent autour de l'anarchie, la migration, la religion, la peur généralisée, l'unification du monde, la crise, l'argent …

C'est immense. Ça regroupe les thèmes dont on nous rabâche les oreilles depuis des années et dans ce quoi notre génération baigne depuis le berceau.
Et c'est puissant putain ! Tout y est écrit en anglais mais très simple à comprendre.

En passant le bar où sont accrochés au plafond des collants liés entre eux on rentre dans un labyrinthe de tableaux. Et c'est à ce moment que commence la montée vers l'incompréhensible.
Une bouche géante, une feuille blanche avec la phrase « THE PURE UNWRITTEN MOMENT », un rat dont chaque partie du corps correspond à la vision que l'artiste à de la vie.
Par exemple le doigt de la patte du rat signifie : « And now we are married even though it slows us down it insulates sufficiently », pointant du doigt l'idée du mariage et son absurdité.


Les images sont mélangées au texte, les blagues sont sarcastiques et te font penser à des paroles de chanson. Les mentions constantes à la drogue de la part des différents artistes sont un bonus.
De la drogue partout. Jusqu'à la feuille de cana cachée dans le coin d'un tableau. De quoi arroser d'essence le cliché de l'artiste drogué.
La suite de l'exposition est un mélange de plusieurs styles : celui de Jean-Michel Alberola ressemble au courant de la BD franco-belge dans les années 60, alternant image, texte et sculptures.
De nombreux tableaux des mêmes artistes sont en fait des séries. Comme celle du « Roi de rien » dont chaque tableau est introduit par ce titre et représente abstraitement ce qui est censé être le Roi de rien. Ou alors la série « paupière inférieure /paupière supérieure »....


Ou encore celle-ci que j'ai trouvé super drôle.

Pour conclure, l'art c'est beau, l'art c'est bien. Ça vous fait voyager et vous ouvre vos petits yeux fatigués par la routine en vous offrant des univers que vous ne soupçonniez même pas. Et en bonus, ça fait réfléchir, beaucoup. En particulier quand l'artiste mêle son univers à une actualité qui nous touche tous.

~ Claire

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