Roi de rien et Art contemporain : Le palais de Tokyo
Qu'est ce qu'on se sent riche et
cultivé quand on se rend dans le 16ème arrondissement de Paris pour
assister à une exposition d'Art contemporain. Alors cultivé peut-être, mais riche sûrement pas (précarité étudiaaante).
Et c'est donc pour enrichir (ahah)
cette culture que je décide de me rendre au Palais de Tokyo dont les
affiches de pub me narguent depuis quelque temps dans les couloirs du
métro.
C'est vrai qu'à part la Maison des
Artistes sur Rivoli, l'art d'aujourd'hui n'est pas vraiment
représenté.
Probablement à cause de la difficulté
de se faire un nom dans ce milieu ainsi que les différents sous
genres existants...
Mais qu'est-ce encore que l'art
contemporain me demandez-vous ? Et quelles sont les thématiques
préférées des artistes encore vivants ?
Vous allez voir, c'est cool, ça parle
de dro...gue.
Mais d'abord dès l'entrée dans le
vestiaire du Musée, tu te demandes si tu n'es pas déjà dans l'expo
tellement c'est joli : un enchevêtrement d'arbres partent du
plafond jusqu'au sol : des branches couleur bois et blanches
s’entremêlent et ça te donne l'eau à la bouche pour la suite !
Commençons par une exposition
temporaire que personnellement j'ai trouvé géniale en mode
« putainjevaisvivreicic'estmagnifiquec'estmavie»
L'expo s'appelle « Double
Je » et elle est basée sur une nouvelle du même nom écrite
par Franck Thillier.
L'univers autour du livre est
angoissant et mystérieux puisqu'il s'agit d'un thriller et par
conséquent il y a du sang et des œufs d'autruche.
C'est logique vous allez voir. Sans
aucunement vous spoiler, l'assassin qui se rend à la police, avouant
qu'il a commis un crime, est un artisan d'art. Ce qui dès
l'entrée de l'expo, nous plonge dans une sorte de hangar lugubre
avec un bureau, du sang et des sculptures d’œufs d'autruche.
Et plus on avance dans les différentes
pièces plus on découvre des univers singuliers.
Comme un squat de grapheur sous une
tente, une moto recouverte de plumes d'oiseau noires (ainsi que la
panoplie « gants/casque » assortis) ou encore une
immense salle entourée par un tas d'objets d’artisans, des
créations, une machine qui fabrique un vase à partir de ta voix...
On a l'impression d'être dans la
planque d'un luthier fou. Une dame nous a même demandé si on ne
s'était pas perdu dans l'atelier des artistes.
Malgré la diversité des pièces on
retrouve des thèmes récurrents à l'exposition (comme les plumes,
les matières métalliques et l'anatomie humaine).
Après avoir regardé une énième
image de lignes neuronales qui font de la corde à sauter, on termine
la visite par une pièce sombre agrémentée de têtes de mannequins
sur un étendoir à linge.
Un petit film est diffusé. Il fait
très court-métrage hipster de création et se termine sur cette
phrase : « Alors, tu aimes l'art contemporain ? ».
Si après toutes ces déblatérations
l'exposition « Double Je » vous tente , allez-y !
Elle dure jusqu'au 16 mai.
La partie inférieure du musée
contient les expositions permanentes. On est accueilli par des
patchwork géants contenants des mots, des affiches, des dessins.
L'orthographe est utilisée et déclinée comme jeu et les thèmes
tournent autour de l'anarchie, la migration, la religion, la peur
généralisée, l'unification du monde, la crise, l'argent …
C'est immense. Ça regroupe les thèmes
dont on nous rabâche les oreilles depuis des années et dans ce quoi
notre génération baigne depuis le berceau.
Et c'est puissant putain ! Tout y
est écrit en anglais mais très simple à comprendre.
En passant le bar où sont accrochés
au plafond des collants liés entre eux on rentre dans un labyrinthe
de tableaux. Et c'est à ce moment que commence la montée vers
l'incompréhensible.
Une bouche géante, une feuille blanche
avec la phrase « THE PURE UNWRITTEN MOMENT », un rat dont
chaque partie du corps correspond à la vision que l'artiste à de la
vie.
Par exemple le doigt de la patte du rat
signifie : « And now we are married even though it slows
us down it insulates sufficiently », pointant du doigt l'idée
du mariage et son absurdité.
Les images sont mélangées au texte,
les blagues sont sarcastiques et te font penser à des paroles de
chanson. Les mentions constantes à la drogue de la part des
différents artistes sont un bonus.
De la drogue partout. Jusqu'à la
feuille de cana cachée dans le coin d'un tableau. De quoi arroser
d'essence le cliché de l'artiste drogué.
La suite de l'exposition est un mélange
de plusieurs styles : celui de Jean-Michel Alberola ressemble au
courant de la BD franco-belge dans les années 60, alternant image,
texte et sculptures.
De nombreux tableaux des mêmes
artistes sont en fait des séries. Comme celle du « Roi de
rien » dont chaque tableau est introduit par ce titre et
représente abstraitement ce qui est censé être le Roi de rien. Ou
alors la série « paupière inférieure /paupière
supérieure »....
Ou encore celle-ci que j'ai trouvé
super drôle.
Pour conclure, l'art c'est beau, l'art
c'est bien. Ça vous fait voyager et vous ouvre vos petits yeux
fatigués par la routine en vous offrant des univers que vous ne
soupçonniez même pas. Et en bonus, ça fait réfléchir, beaucoup.
En particulier quand l'artiste mêle son univers à une actualité
qui nous touche tous.
~ Claire
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