jeudi 31 mars 2016

Stop à l'État d'urgence : Une noob à la manif


Ce Samedi 12 Mars une nouvelle manifestation contre l’État d'urgence s'est déroulé de la place Saint Michel jusqu'au Panthéon où un « rassemblement festif » y était annoncé.
Mis en place en France depuis 4 mois et autorisant des procédures policières définies comme « abusives » ainsi qu'un climat de maintient de la terreur l'état d'urgence promet d'être renouvelé, ce qui instaure chez de plus en plus de gens la peur d'un état d'urgence permanent.

Arrivant une heure après celle annoncée, j’aperçois, derrière les camionnettes de CRS, la foule de manifestants se mouvoir tel une chenille géante. « Chouette ! » me dis-je.
Me faufilant entre le mur de petits bleus à chapeau j’entends l'un d'eux annoncer qu'on ne peut pas sortir de la limitation délimitée par ces mêmes camionnettes et qu'il faut donc contourner la manifestation pour rejoindre le métro... Ambiance.
Une fois à l'intérieur je remarque que la moyenne d'âge se situe plutôt dans les quarante-cinq que les vingt-cinq ans.
Ils arrivent donc doucement au lieu de rendez vous, pas démotivés pour autant, arborant fièrement leur banderole « État d'Urgence, Déchéance c'est NON ! » et agitant leurs multiples drapeaux à message, ou bien représentant un parti.

Même mes amis punks sont là ! Et un petit groupe cagoulé comme des ninjas s'élance gaiement dans le lointain (vers le Panthéon) tel des gazelles sauvages, des rêves d'anarchie pleins la tête.

En amont, un chauve scande dans son mégaphone « LIB-ER-TE ! EGA-LI-TE ! NON -A-L'ETAT-D'UR-GENCE ! » .
Il est repris par la foule, sous l’œil curieux des gens assis en terrasse, profitant du soleil de l'après midi. On est loin de l'ambiance de la manifestation El Khomri de mercredi .

Pourtant c'est bien le même type qui se tenait en haut de la statue Marianne à Nation que je retrouve ici, avec une nouvelle pancarte. Il n'est pas seul, une fille déguisée en faucheuse nous indique que l’État d'urgence , c'est la mort de l’État.

Sur la place d'arrivée, dos au Panthéon, des membres d'Amnesty International en veste jaune se tiennent debout face aux manifestants, des pancartes « Non à l'état d'urgence permanent ».

Un vieux couple appartenant à l'association me dit que la mesure concernant la prolongation de l'état d'urgence est inutile, aliénante et n'a aucun résultat immédiat de lutte contre le terrorisme en France. Si ce n'est la montée de l'islamophobie, le maintient d'un climat de tensions et de peur et les assignations à résidence sans interventions judiciaires ( en clair, la restriction des libertés ).  


La dame me fait remarquer qu'ils n'ont pourtant pas l'habitude de manifester contre des décisions gouvernementales concernant la France mais plutôt pour les personnes qui n'ont pas la possibilité de manifester dans leur propre pays à cause des restrictions de leurs libertés.
Elle ajoute que cette mesure coûte énormément d'argent à l’État et me propose de signer leur pétition qu'ils enverront ensuite au Sénateur dans l'espoir d'être entendus.
Plus loin, l'assos de la ligue des droits de l'homme distribue des ballons «  pour les enfants » me disent-il... ça marche plutôt bien ( mais bon technique utilisée depuis des millénaires chez les fast-food. Plagiat MacDo ! ) J'imagine que je préfère voir un enfant qui ne sait pas épeler « démocratie » se pavaner avec un ballon comme ça qu'avec un big mac...
Est-ce genre de festivité promise par l'affiche ?

« Spéciale dédicace à tous les racistes et les islamophobes » lance le chauve en tête, suivi par ceux qui soutiennent la banderole et ceux qui portent les drapeaux : parti anarchiste, communistes et tant d'autres dont je ne connais ni la fonction ni la signification (parti pirate?).

Entre temps un type m'accoste, journaux à la main « Journaux des sans papiers 1euro2euros » dit-il en me tendant son journal. Plus loin, le groupe qui le mate est un peu en retrait derrière le camion de la ligue des droits de l'homme, d'origine Africaine, en tenues traditionnelles, ils représentent les « sans papiers » et sont jonchés sur une dalle à défaut d'avoir un stand.

La foule se meut, place du Panthéon entre la mairie du Vème et la faculté de droit. Elle le sent, c'est le final, le discours.
D'ailleurs le camion d'Amnesty est là, ouvert pour créer une scène, affublé d'une banderole rouge «  STOP au coup d’État d'urgence ».  


Amnesty s'exprime en premier (c'est quand même son camion ^^ ). Le représentant annonce que la loi en place suffit largement à lutter contre les différents attentats et que, la prolongation de l'état d'urgence est inutile et crée un caractère discriminant et assumé par l’État.. Une dame enchaîne avec des « diminue nos libertés », « assignations à résidence » « violences policières sur chacun d'entre nous, d'entre vous »...

Je décide de m'éclipser, jugeant le moment venu. Alors que M, ( leader d'une association luttant contre les discriminations ) prend le micro pour exprimer que l'expression « déchéance de nationalité » l'a profondément choqué et blessé. Il rajoute que le terrorisme se fout de la nationalité et que ce n'est qu'une mesure symbolique.
Un peu plus loin des petits bleus à chapeau, boucliers et casques à la main savent qu'il n'y a rien à craindre ici...certains sont même sur leurs smartphones. Les punks de tout à l'heure se sont regroupés en cercle, bas les masques et ils discutent près du stand anarchiste.

J'entends au loin un type dire qu'il faut tous s'étreindre car sans amour on ne va rien faire pendant que M continue à s'indigner de l’intolérance.
Mais je crois que ce qui surprend le plus c'est le nombre de CRS, de flics qui les entourent et leurs camionnettes. Sérieusement il y en a beaucoup trop pour des gens appartenant à des associations luttant pour les droits de l'homme, des sans papiers vendant des journaux et un type qui nous dit de nous aimer les uns les autres...


Pour conclure je dirai qu'aller à cette manif fut comme une émergence dans un climat typique et inconnu appelant à une prise de conscience radicale de ce qu'est actuellement la liberté individuelle. Comme si on me secouait par les épaules et qu'on me disait « Claire, renseigne-toi plus sur ce qu'il se passe maintenant ! ».

Et je comprends que beaucoup de personnes soient effrayées par les décisions du gouvernement ainsi que les conséquences qu'elles ont eues sur la population française ses derniers mois.
Tout ce que les manifestants dénonçaient durant cette journée, comme les perquisitions sans autorisation judiciaire, les radicalisations et autres assignations à résidence, fermeture des mosquées... ont eu un réel impact sur la vie de gens touchés par ces différentes mesures d'urgence (qui soit dit en passant, laissent un champ d'application très large et sans réelles limitations aux forces armées).

Quelles seraient alors les conséquences de ce prolongement d’État d'urgence ?
Ou une espèce de mélange brouillon de peur sans visage, d’étouffement des libertés et d'un outre-passement du droit des autorités sur les individus ?

~ Claire

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