Stop à l'État d'urgence : Une noob à la manif
Ce Samedi 12 Mars une
nouvelle manifestation contre l’État d'urgence s'est déroulé de
la place Saint Michel jusqu'au Panthéon où un « rassemblement
festif » y était annoncé.
Mis en place en France
depuis 4 mois et autorisant des procédures policières définies
comme « abusives » ainsi qu'un climat de maintient de la
terreur l'état d'urgence promet d'être renouvelé, ce qui instaure
chez de plus en plus de gens la peur d'un état d'urgence permanent.
Arrivant une heure après
celle annoncée, j’aperçois, derrière les camionnettes de CRS,
la foule de manifestants se mouvoir tel une chenille géante.
« Chouette ! » me dis-je.
Me faufilant entre le mur de
petits bleus à chapeau j’entends l'un d'eux annoncer qu'on ne peut
pas sortir de la limitation délimitée par ces mêmes camionnettes
et qu'il faut donc contourner la manifestation pour rejoindre le
métro... Ambiance.
Une fois à l'intérieur je
remarque que la moyenne d'âge se situe plutôt dans les
quarante-cinq que les vingt-cinq ans.
Ils arrivent donc doucement
au lieu de rendez vous, pas démotivés pour autant, arborant
fièrement leur banderole « État d'Urgence, Déchéance c'est
NON ! » et agitant leurs multiples drapeaux à message, ou
bien représentant un parti.
Même mes amis punks sont
là ! Et un petit groupe cagoulé comme des ninjas s'élance
gaiement dans le lointain (vers le Panthéon) tel des gazelles
sauvages, des rêves d'anarchie pleins la tête.
En amont, un chauve scande
dans son mégaphone « LIB-ER-TE ! EGA-LI-TE ! NON
-A-L'ETAT-D'UR-GENCE ! » .
Il est repris par la foule,
sous l’œil curieux des gens assis en terrasse, profitant du soleil
de l'après midi. On est loin de l'ambiance de la manifestation El
Khomri de mercredi .
Pourtant c'est bien le même
type qui se tenait en haut de la statue Marianne à Nation que je
retrouve ici, avec une nouvelle pancarte. Il n'est pas seul, une
fille déguisée en faucheuse nous indique que l’État d'urgence ,
c'est la mort de l’État.
Sur la place d'arrivée, dos
au Panthéon, des membres d'Amnesty International en veste jaune se
tiennent debout face aux manifestants, des pancartes « Non à
l'état d'urgence permanent ».
Un vieux couple appartenant
à l'association me dit que la mesure concernant la prolongation de
l'état d'urgence est inutile, aliénante et n'a aucun résultat
immédiat de lutte contre le terrorisme en France. Si ce n'est la
montée de l'islamophobie, le maintient d'un climat de tensions et de
peur et les assignations à résidence sans interventions judiciaires
( en clair, la restriction des libertés ).
La dame me fait remarquer
qu'ils n'ont pourtant pas l'habitude de manifester contre des
décisions gouvernementales concernant la France mais plutôt pour
les personnes qui n'ont pas la possibilité de manifester dans leur
propre pays à cause des restrictions de leurs libertés.
Elle ajoute que cette mesure
coûte énormément d'argent à l’État et me propose de signer
leur pétition qu'ils enverront ensuite au Sénateur dans l'espoir
d'être entendus.
Plus loin, l'assos de la
ligue des droits de l'homme distribue des ballons « pour les
enfants » me disent-il... ça marche plutôt bien ( mais bon
technique utilisée depuis des millénaires chez les fast-food.
Plagiat MacDo ! ) J'imagine que je préfère voir un enfant qui
ne sait pas épeler « démocratie » se pavaner avec un
ballon comme ça qu'avec un big mac...
Est-ce genre de festivité
promise par l'affiche ?
« Spéciale dédicace
à tous les racistes et les islamophobes » lance le chauve en
tête, suivi par ceux qui soutiennent la banderole et ceux qui
portent les drapeaux : parti anarchiste, communistes et tant
d'autres dont je ne connais ni la fonction ni la signification (parti
pirate?).
Entre temps un type
m'accoste, journaux à la main « Journaux des sans papiers
1euro2euros » dit-il en me tendant son journal. Plus loin, le
groupe qui le mate est un peu en retrait derrière le camion de la
ligue des droits de l'homme, d'origine Africaine, en tenues
traditionnelles, ils représentent les « sans papiers »
et sont jonchés sur une dalle à défaut d'avoir un stand.
La foule se meut, place du
Panthéon entre la mairie du Vème et la faculté de droit. Elle le
sent, c'est le final, le discours.
D'ailleurs le camion
d'Amnesty est là, ouvert pour créer une scène, affublé d'une
banderole rouge « STOP au coup d’État d'urgence ».
Amnesty s'exprime en premier
(c'est quand même son camion ^^ ). Le représentant annonce que la
loi en place suffit largement à lutter contre les différents
attentats et que, la prolongation de l'état d'urgence est inutile et
crée un caractère discriminant et assumé par l’État.. Une dame
enchaîne avec des « diminue nos libertés »,
« assignations à résidence » « violences
policières sur chacun d'entre nous, d'entre vous »...
Je décide de m'éclipser,
jugeant le moment venu. Alors que M, ( leader d'une association
luttant contre les discriminations ) prend le micro pour exprimer que
l'expression « déchéance de nationalité » l'a
profondément choqué et blessé. Il rajoute que le terrorisme se
fout de la nationalité et que ce n'est qu'une mesure symbolique.
Un peu plus loin des petits
bleus à chapeau, boucliers et casques à la main savent qu'il n'y a
rien à craindre ici...certains sont même sur leurs smartphones. Les
punks de tout à l'heure se sont regroupés en cercle, bas les
masques et ils discutent près du stand anarchiste.
J'entends au loin un type
dire qu'il faut tous s'étreindre car sans amour on ne va rien faire
pendant que M continue à s'indigner de l’intolérance.
Mais je crois que ce qui
surprend le plus c'est le nombre de CRS, de flics qui les entourent
et leurs camionnettes. Sérieusement il y en a beaucoup trop pour des
gens appartenant à des associations luttant pour les droits de
l'homme, des sans papiers vendant des journaux et un type qui nous
dit de nous aimer les uns les autres...
Pour conclure je dirai
qu'aller à cette manif fut comme une émergence dans un climat
typique et inconnu appelant à une prise de conscience radicale de ce
qu'est actuellement la liberté individuelle. Comme si on me secouait
par les épaules et qu'on me disait « Claire, renseigne-toi
plus sur ce qu'il se passe maintenant ! ».
Et je comprends que beaucoup
de personnes soient effrayées par les décisions du gouvernement
ainsi que les conséquences qu'elles ont eues sur la population
française ses derniers mois.
Tout ce que les manifestants
dénonçaient durant cette journée, comme les perquisitions sans
autorisation judiciaire, les radicalisations et autres assignations à
résidence, fermeture des mosquées... ont eu un réel impact sur la
vie de gens touchés par ces différentes mesures d'urgence (qui soit
dit en passant, laissent un champ d'application très large et sans
réelles limitations aux forces armées).
Quelles seraient alors les
conséquences de ce prolongement d’État d'urgence ?
Ou une espèce de mélange
brouillon de peur sans visage, d’étouffement des libertés et d'un
outre-passement du droit des autorités sur les individus ?
~ Claire
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